Clause de non-responsabilité : Communio Messianica ne représente que les anciens musulmans qui suivent désormais le Christ, également appelés « Muslim Background Believers » (MBB). Dans cet article, Harun Ibrahim, président du conseil de direction de Communio Messianica, s'intéresse à un autre groupe qui a quitté l'islam : les athées. Bien que leurs points de vue soient très différents de ceux des MBB, la situation des deux groupes présente des similitudes.
L'athéisme a suscité un vif débat dans la région arabe, en particulier sur les médias sociaux qui ont permis une plus grande liberté d'expression ces dernières années. Parce qu'il était considéré comme tabou dans les années passées, le nombre exact d'athées dans le monde n'est pas accessible avec précision, bien que certains groupes religieux aient réussi à l'estimer.
Selon les déclarations de l'institut égyptien Al Fatwa en janvier 2014, il y aurait environ 900 athées en Égypte. Certains estiment qu'ils sont des milliers, et d'autres jusqu'à deux millions. La même année, les médias saoudiens ont fait état d'une étude réalisée par la Wayne Gallup International Research Foundation, selon laquelle 5 % des Saoudiens se disent athées. Avec une population totale de 29 millions d’habitants, cela représente presque 1,5 millions de personnes. De plus en plus d'études montrent une augmentation du nombre de personnes se déclarant athées dans les pays islamiques.
Plates-formes athées dans les médias du monde arabe
Les athées arabes utilisent Facebook, Twitter, YouTube et les blogs comme moyens de communication entre eux. Ces plateformes offrent plusieurs options à l'utilisateur pour ne pas divulguer son identité lorsque quelqu'un recherche le mot « athée » en arabe sur le réseau social. Il semble qu'il y ait des milliers de pages sur Facebook et des comptes Twitter appartenant à des « athées » du monde arabe qui ont attiré de nombreux adeptes.
Facebook compte plusieurs pages appelant les athées arabes à s'y joindre :
- Athées tunisiens (30 000 adeptes)
- Athées soudanais (deux pages pour le même groupe de 7 000 adeptes)
- Athées syriens (15 000 adeptes)
- Athées égyptiens (plus de 10 sites et un million d'adeptes)
- Athées saoudiens (plusieurs pages avec plus d'un million d'adeptes)
Les athées saoudiens et égyptiens sont considérés comme les plus actifs selon le journal électronique Al Muslim, qui affirme que les athées saoudiens sont un million plus nombreux que les autres.
Sur Twitter, les adeptes de ceux qui ont déclaré leur athéisme dépassent les centaines de milliers (par exemple, plus de 12 000 suivent le « Arab Atheist ») et les propriétaires de ces comptes tiennent diverses discussions autour de leur désir de détruire « le mythe de la religion en utilisant l'esprit », tandis que certains publient des commentaires et des images anti-islamiques tels que des photocopies déchirées du Coran et des graphiques qui sont anti-islamiques.
Certains affirment qu'ils se concentrent sur l'utilisation de l'intellect pour diffuser la connaissance, tandis que d'autres disent que leurs tweets ciblent ceux qui envisagent de devenir athées. D'autres encore, qui se considèrent comme des « athées et des infidèles », publient des articles affirmant que le message islamique encourage la violence à l'encontre des autres religions.
Sur YouTube, certains athées arabes ont créé de nombreuses chaînes qui attirent des milliers d'abonnés. En général, les propriétaires de ces chaînes publient des clips vidéo contre l'islam ; certains utilisent le titre « Mythes de la religion islamique ». Un certain nombre de jeunes arabes ont lancé une chaîne de télévision sur Internet appelée « Free Mind ». Cette chaîne de télévision laïque vise à fournir des informations libres de la censure religieuse et gouvernementale dominante aux nations du Moyen-Orient et au monde en général.
En outre, nous remarquons que la plupart des critiques de l'islam ont eux-mêmes un passé islamique. Il existe une nette différence entre les athées d'origine islamique et ceux d'origine chrétienne. Les athées ex-musulmans attaquent la religion islamique, tandis que les athées ex-chrétiens n'attaquent pas le Christ, mais plutôt l'existence de Dieu et le comportement de l'Église.
Pourquoi certains Arabes abandonnent-ils leur religion ?
Les raisons les plus pertinentes qui ont poussé certains Arabes à abandonner l'islam sont les suivantes :
1. La violence pratiquée par les groupes islamiques radicaux. Cela les a amenés à remettre en question les principes de l'islam.
2. La vie de Mahomet et sa biographie prophétique sont perçues comme utilisant Dieu comme un moyen de justifier les avantages personnels de Mahomet.
3. Les érudits musulmans prétendent que le Coran contient des miracles qui peuvent être scientifiquement prouvés, ce qui est faux.
4. La découverte du vrai visage de l'islam, soutenue par les critiques médiatiques chrétiennes de l'islam qui ont exposé et révélé sa vraie nature.
Le Dar-al-Ifta* égyptien a confirmé que la raison la plus convaincante de quitter l'islam pour l'athéisme était les pratiques violentes des terroristes et le militantisme de groupes islamiques tels que les groupes Takfiri, qui massacrent brutalement au nom de l'islam et déforment les enseignements de l'islam. Ceci, associé à la position d'Al Azhar à l'égard de l’Etat Islamique, brosse un tableau sombre de la brutalité qui repousse les jeunes islamiques et les pousse à embrasser l'athéisme.
Laïc, athée ou non-religieux ?
Dans le monde arabe, les concepts suivants sont difficiles à comprendre car ils sont tous inacceptables pour différents secteurs des sociétés arabes.
- L'athéisme
- La laïcité
- Le non-religieux
Selon le site web du quotidien égyptien Daily News, le Dar-al-Ifta égyptien divise les « athées » en trois groupes et les définit comme suit
1. Ceux qui ne s'opposent pas à l'islam en tant que religion mais refusent « l'islam en politique » et réclament un État laïque (par exemple le penseur et auteur égyptien Sayyid M. Al Qimni).
2. Ceux qui rejettent totalement l'islam en tant que religion.
3. Ceux qui se sont convertis de l'islam à une autre religion.
Cette définition n’est pas exacte et il est important que les journalistes soient conscients des différences. Toutefois, le grand public considère tous les « groupes athées » tels qu'ils sont définis ci-dessus comme des groupes d'infidèles.
Persécutions et hostilité :
Les critiques religieux et les défenseurs audacieux de l'athéisme sont en danger, leur situation étant quelque peu similaire à celle des musulmans qui se sont convertis au christianisme.
Nombre d'entre eux ont été emprisonnés dans la plupart des pays arabes. Les médias ont rapporté qu'un jeune Saoudien de vingt ans avait été condamné à mort pour avoir mis en ligne un clip vidéo le montrant en train de déchirer un exemplaire du Coran. La vidéo a été retirée par Youtube.
Raif Badawi est le créateur d'un site web appelé Free Saudi Liberals, qui n'est plus en ligne. Arrêté en 2012 pour « insulte à l'islam par voie électronique » et plusieurs autres chefs d’accusation, dont l’apostasie, Raif Badawi a été traduit en justice et condamné à 10 ans de prison et à 1000 coups de fouet.
En 2014, le tribunal égyptien a condamné un étudiant du nom de Karim Ashraf Mohammed al-Banna à trois ans d'emprisonnement pour avoir manqué de respect à la religion et récité des phrases qui témoignent du mépris et du déshonneur de l'être pieux, en publiant des commentaires sur Facebook. Human Rights Watch a décrit son emprisonnement comme faisant partie d'une campagne gouvernementale visant à combattre l'athéisme et toute forme d'opposition.
En janvier 2015, l'Égyptien Ahmed Hargan, qui a déclaré ses pensées athées sur l'une des chaînes de télévision, s'est rendu dans un poste de police d'Alexandrie pour déposer une plainte contre un certain nombre de personnes qui les avaient maltraités, lui et sa femme, en raison de leurs croyances. Il existe des histoires similaires de convertis arabes ayant vécu ces expériences dans plusieurs pays arabes.
En juin 2015, le ministère égyptien de la jeunesse et la fondation égyptienne Al Azhar ont lancé une initiative pour lutter contre l'extrémisme et l'athéisme. Dans un communiqué de presse, le cheikh Ahmed Turki, l'un des initiateurs, a déclaré que l'objectif était d'équiper les jeunes d'arguments scientifiques qui leur permettraient de faire face aux allégations des athées. Il a ajouté : « L'athéisme est une question de sécurité nationale... s'ils (les athées) se rebellent contre leur religion, ils se rebelleront contre n'importe quoi d'autre ».
C'est également ce qui arrive aux personnes qui se convertissent de l'islam au christianisme : elles sont souvent victimes de graves persécutions. Bien que les convertis soient inoffensifs et qu'ils souhaitent simplement avoir la possibilité d'adorer la personne en laquelle ils croient, cela se transforme en un cas de sécurité nationale. En conclusion, nous pouvons déduire des informations ci-dessus que la loi contre l'outrage à la religion est un simple titre qui n'a rien à voir avec le contenu de la loi. Elle ne respecte pas toutes les religions, c'est une loi en faveur de la seule religion islamique.
Autres réactions :
Récemment, la question de l'athéisme a suscité un débat sur les chaînes de télévision arabes et, pour la première fois, un programme réunissant des athées et des religieux musulmans a été diffusé. Lorsque le radiodiffuseur a demandé aux athées les raisons de leur abandon de l'islam, ils n'ont pas invoqué un manque de foi. Les hommes religieux musulmans ont estimé que leurs raisons étaient soit personnelles, soit liées à des problèmes psychologiques, à l'instabilité de l'adolescence ou à la maladie mentale.
D'autres débats ont été lancés dans des émissions qui accueillaient les deux parties. Les médias égyptiens décrivent parfois ces efforts de l'État et des instituts religieux comme une « guerre contre l'athéisme ». Cela montre le parti pris de l'organisme de radiodiffusion en faveur du point de vue islamique.
Certaines questions doivent être débattues :
1. En tant que chrétiens, avons-nous des organisations qui peuvent servir dans ce domaine et sur les réseaux sociaux ?
2. Le contenu que nous diffusons et publions actuellement apporte-t-il des solutions aux questions fondamentales que les gens se posent ou prêchons-nous des sermons qui ne résonnent qu'avec nous-mêmes ?
3. Est-il possible d'apporter des solutions efficaces et pratiques ? Devrions-nous reconsidérer ce que nous présentons ?
Il convient de mentionner qu'un grand nombre de convertis de l'islam au christianisme sont passés par le même chemin. Ils ont quitté l'islam et ont passé une période de doute avant de trouver le Christ Sauveur et de voir leur vie changée.
De nombreux laïcs m'ont dit : « Je ne suis pas athée, je suis une personne non religieuse. J'ai une opinion sur la personnalité de Dieu et sur son existence, et je trouve qu'il y a une grande ressemblance entre moi et de nombreux convertis. Il est évident que lorsque je parle à des convertis, je trouve une image du type de Dieu que j'imaginais ».
Bien que ces paroles m'aient encouragé, elles m'ont également troublé, car si cette personne ne peut voir Dieu dans les croyants chrétiens et l'Église que lorsque nous les embrassons et les serrons dans nos bras, j'ose alors poser la question suivante :
Comment l'Église peut-elle mieux atteindre les athées et les autres personnes qui ont quitté l'islam ?
Harun Ibrahim